Vacances à l' hopital-Part Two
Lundi soir, donc. Quand Nicolas arrive, je sors pour nous trouver quelque chose à manger, bingo : près de l'hopital, il y a un japonais qui fait à emporter, je suis contente parce que manger des sushis m' était impossible enceinte, et que ça m'a manqué !
Je reviens, nous mangeons, la routine continue, Sasha chouine de temps en temps, parfois c' est le petit Anthony à côté, et je réalise une chose idiote peut etre mais dont je n'avais pas pris conscience jusque là : Les différences de voix de nos bébés sont déjà là : plus ou moins fortes, plus ou moins aigües. Quand le petit Anthony pleure (comme des plaintes, avec un petite voix un peu rauque. Sasha elle, crie :D) je me rends compte que même si j'étais à l'exterieur de la chambre, je saurais sans aucun problème que ce n'est pas ma fille qui pleure. Bref, Nico part vers 23 heures, avec la maman d' Anthony on discute encore un peu, dans la chambre eclairée juste par la salle de bain allumée et ouverte, et on se dit qu'entre les pleurs de nos bébés qui ne font pas leurs nuits et vont sans doute ne pas se réveiller en même temps, plus les bip bip des machines, on ne va pas dormir beaucoup...et finalement la nuit est beaucoup moins terrible qu'on ne s'y attendait : on se retrouve à donner le sein/le biberon quasiment en même temps : vers minuit, ensuite nous nous "couchons" dans les fauteuils, nous sommes réveillées presque en même temps par les pleurs vers 3h : re-sein, re bib', puis rebelote vers 7 heures, comme si nos bout d' chous s' étaient "réglés" l' un sur l'autre.
Ensuite débarquement de pédiatres et autres kinés. La kiné me dit que c' est moins inflammé et qu' elle commence à pouvoir faire sortir des glaires des bronches, une infirmière enlève un peu l'oxygène à Sasha parce que de toute façon Mademoiselle essaye de l'enlever de son nez, on vient dire à la maman d' Anthony qu' ils peuvent sortir, enfin (ils sont là depuis quasi une semaine !) et moi j' attends Nicolas qui a posé son après midi, et doit me ramener mon tire lait, que je puisse tirer un biberon pour faire une p'tite pause de l'hosto en fin d' après midi...
Avant l'arrivée de Nico, une nouvelle maman et son fils arrivent (mais il ne resteront que la fin de matinée/le début de l'aprèm)
Le petit, trop mignon a six mois et fait des sourires craquants à la pelle. Avec la mère nous parlons enfants (c' est son troisième et elle me dit qu' elle est beaucoup plus cool qu'au premier...et que donc l'enfant aussi est plus cool.) co-dodo, allaitement etc etc...
Nico arrive, je commence à tirer mon lait, et puis la dame repart avec son fils (ils avaient du les mettre là en attendant de prendre une décision pour eux)
En fin d' aprèm, après une mise au sein, je laisse donc un bib à Nicolas pour Sasha et rentre pour un petit moment chez nous. A l'appart je fais tout pour décompresser malgré le peu de temps (environ deux heures) que je vais rester : une bonne douche chaude, un cappucino en surfant sur internet avec la starac' en fond à la télé, bref, ne pas trop penser, et puis ensuite, j'y retourne, le sac plein de nouvelles affaires pour Sasha et moi.
Repas chinois avec Nico, personne d'autre dans le chambre, même si les femmes et leurs bout d'chous étaient sympas, je me dis que c' est pas plus mal une nuit seule avec ma puce (Je ne sais encore pas que cette nuit va être la plus dure de toutes les nuits passées à l' hosto)
Nico et moi on a même des fous rires pendant la soirée, tandis que Sasha dort bien tranquillement...
Vers onze heures trente-minuit, je mets Sasha qui a faim au sein, Nico s' en va.
Et là, Sasha décide de rester collée à moi une bonne partie de la nuit. Elle tète, semble s' endormir, je la couche...et là elle chouine, pleure et tétouille dans le vide. Je recommence. Idem...
Le temps passe . A un moment ou elle est recouchée et commence à chouiner une infirmière passe, me dit : "Mais elle a faim, là " Sans blague ? Je la reprends au sein. Je commence déjà à pleurer, moi aussi (le stress
+ être à l'hopital depuis trois jours+la fatigue+ces put... de bip bip
qui se déclanchent dès qu'elle bouge un cil )
Sasha
continue toujours de téter, toujours dans mes bras, moi assise sur une chaise à côté de son lit à barreaux, ça doit faire une ou deux heures déjà, j'en peux plus, l'infirmière repasse, je lui dis que
je sais pas ce qui se passe, refait elle un pic de croissance ? Elle
me demande combien elle a pris puisque je suis censé la peser avant et après à chaque fois sauf que j'ai oublié de la peser
cette fois là. Je lui dis donc que je sais pas, mais que plus tôt dans la soirée
elle pesait 60 g de plus après, elle me dit : "Oui mais il faut lui
redonner le sein là, elle a encore faim ..."
Et là, la grande phrase qui va choquer (comme ça me l'a fait) les pros de l' allaitement, attention : "Mais, peut être que vous avez plus de lait ?"
J' en suis restée muette de stupéfaction . J'aurais pu lui dire que
physiologiquement c' est impossible, que ça ne marche pas comme ça, qu'elle n' y
connait visiblement rien, qu'on ne se retrouve pas d'un coup avec
"plus rien" dans les seins quand on allaite, d'une , et que de deux s'il n'
y avait rien dans mes seins, ma fille qui avait faim ne les téterait
pas avidement mais aurait plutôt j'imagine hurlé de déception. Bref,
parce qu' elle me saoule, quiand elle repart, je pèse ma fille, je la
mets à l'autre sein un moment, je la repèse après (elle a pris 40
g)quand elle semble avoir terminé, je la recouche et mademoiselle
rechouine et retétouille dans le vide... Comme la machine bipe, pour ne rien arranger, voilà que l'autre idiote d' infirmière revient, et c'
est un festival : elle la prend, lui file une tétine que Sasha
finit par accepter (avec une goutte de truc sucré qu'ils foutent dessus
pour les amadouer) et qu' elle tète même avidement. Et là j'ai droit à :
"Mais elle meuuuurt de faim, la pauvre, hein, on peut pas la laisser comme ça"
(genre il n'y a plus de lait dans mes seins et je suis une mauvaise mère qui
laisse son bébé mourir de faim)
Qu'est-ce que j'ai fait ? Et bien au lieu d' ouvrir ma gueule j'ai craqué, pleine de culpabilité et de haine
envers cette conne, d'ailleurs je n'ai pas trop eu le choix, j'ai eu
l'impression de me faire forcer la main parce que j'étais en position
de faiblesse (stress et fatigue) elle n' a d' ailleurs pas attendu ma
réponse, a demandé à sa collègue de préparer un bib de 100 ml, et je
suis restée comme une idiote, vaincue, à la regarder lui filer.
Je me sentais mal,
mais je ne savais plus quoi faire, Sasha avait effectivement l'air d'
avoir encore faim, et je n'aspirais qu'à dormir un peu (il était trois
heures du matin environ, soit plus de trois heures à essayer de faire dormir la
miss)
Elle lui donne donc 40 ml du biberon, tout en disant : "Ben vous voyez, elle le prend bien hein
!"(GRRRRRR) la couche, Sasha rechouine, elle re revient, me dit : "Je
vais lui filer le reste", et là, moi pauvre loque, je m'endors même avant
qu'elle n' ait fini...
Je me réveille donc le mercredi, crevée, de mauvaise humeur et pleine de culpabilité.
Rapidement j'essaye quand même de me déculpabiliser et de me raisonner en me disant que le lait artificiel n'est pas non plus "le diable", seulement oui, je voulais être une mère parfaite, et m' étais mis en tête que ça passait par un allaitement EXCLUSIF, soit pas même une goutte de lait artificiel pour ma fille.
Et, si ça n' est pas dramatique, si ça ne remet heureusement pas mon allaitement en cause, je suis tout de même mécontente, et très enervée de la manière dont cela s' est passé, de la façon culpabilisante dont cette infirmière s' est conduite avec moi. Le pompon a été quand l' infirmière du matin est passé nous voir Sasha et moi, et m' a lancé, l'air de rien : "C' est aussi pour parler de votre allaitement. Il parait que vous n' avez plus de lait ?" (GRRRRRRRRRR) Heureusement elle semblait s'y connaitre un peu plus en allaitement que sa collègue et j'ai pu lui expliquer que sans doute, non, ce n' était pas ça.
Après, je ne sais toujours pas : est-ce que Sasha repassait par un pic de croissance (celui des six semaines) est-ce que c' est les coliques, problèmes digestifs qui l'ont repris, parce qu'à l'hopital on ne lui donnait plus le petit sirop "Calmosine" qui l'aide un peu, et que tétouiller quand elle a des gazs la soulage ? Est-ce qu'elle était juste destabilisée, avait beson de contact, de ma présence, de mon odeur ? (oui mais dans ce cas là pourquoi est ce qu'elle n' avait pas fait cela les deux nuits d'avant à l'hopital ?)
Est ce que, malgré tout, je manquais un peu de lait, à cause de la fatigue et du stress, et que cela nécessitait donc que Sasha tète plus/plus longtemps ?
Un mix de tout cela ? Je ne sais pas
(Mon dieu, je n' ecris toujours que des romans, et ne sait vraiment pas résumer. D'un autre côté ça me fait du bien de tout raconter, et j'essaye de ne quand même pas rentrer dans les détails, mais c' est tout de même, très, très long. Du coup allez, hop, il y aura une troisième partie un autre jour pour raconter le dernier jour/la dernière nuit et le départ de l'hopital. Bravo déjà si vous avez tout lu ;) )